segunda-feira, 9 de fevereiro de 2009

O próximo e o distante de Renato Ortiz

Sinopse do livro "O próximo e o distante: Japão e modernidade-mundo" do sociólogo Renato Ortiz.

Neste livro o autor, Renato Ortiz, apresenta as coordenadas de tempo e espaço que se encontram para fornecer um retrato singular do Japão. A história dessa grande nação é o permanente pano de fundo. Os temas dominantes são o isolamento do país durante séculos, a questão da tradição examinada sob a ótica das relações de trabalho e da organização familiar e social e o debate sobre a identidade nacional fortemente preservada no processo de conciliação do país com uma vida internacional cada vez mais ativa e envolvente. O autor aproveita para retomar alguns debates mais gerais de sua predileção, como o papel da cultura no processo de mundialização, a polêmica sobre a chamada desterritorialização ou as limitações das visões estrangeiras quando a tarefa é fazer um retrato do outro.

domingo, 8 de fevereiro de 2009

EXPOSITIONS COLONIALES ET HIÉRARCHIE DES PEUPLES DANS LE JAPON MODERNE


Arnaud NANTA

CNRS/EHESS

Durant leur âge d’or, entre 1851 et la Seconde Guerre mondiale, les
expositions industrielles et universelles furent un lieu de compétition entre
les États-nations. Les grandes puissances y exhibaient leur force nationale
au travers de leur capacité industrielle et de leurs colonies. Au xixe siècle, la
construction de l’État-nation et l’impérialisme – tous les grands États sont
alors des empires coloniaux – sont des phénomènes qui touchent l’Europe
de l’Ouest, la Russie, les États-Unis et le Japon. Évitant une situation de
domination coloniale par les pays occidentaux, le Japon réussit au tournant
du siècle à intégrer le concert des puissances en écrasant la Chine en 1895,
puis en signant le traité d’alliance nippo-britannique de 1902 et enfin, en
affrontant la Russie en 1904-05.
Dès lors se pose la question des modes d’action de l’impérialisme,
notamment autour de l’anthropologie et des expositions. On connaît la
place que celles-ci ont occupé en Europe de l’Ouest ou aux États-Unis, mais
qu’en est-il dans le cas du Japon ? Quelle fut la nature de la participation
du Japon aux expositions internationales ? Dans quelle mesure le Japon
a-t-il exposé des indigènes issus de ses colonies ? On se penchera ici sur
le cas des pavillons coloniaux dressés lors des expositions industrielles
japonaises à partir de 1895, notamment sur celle d’Osaka en 1903 et sur
les anthropologues qui l’organisèrent, pour ensuite voir quelles furent
les résistances et leur nature. En conclusion, nous tenterons de cerner les
enjeux de ce pan de l’histoire de la colonisation.
Les expositions modernes dans le Japon de Meiji
Après la Restauration de Meiji (1868), le principe des expositions
régionales à vocation pédagogique et commerciale qui étaient organisées
durant la seconde moitié de l’époque d’Edo (1603-1868), notamment dansla première moitié du xixe siècle1, fusionne avec le modèle des exhibitions
industrielles qui voit alors le jour au sein des grandes puissances occidentales
consécutivement à l’exposition de Londres de 1851. La première
« Exposition industrielle nationale » (Naikoku kangyō hakurankai
内国勧業
博覧会) du Japon de Meiji se tint en 1877 à Tokyo, dans l’enceinte du parc
d’Ueno – qui accueillait depuis la même année le futur Muséum national
des Sciences (Kokuritsu kagaku hakubutsukan
国立科学博物館), fondé en
1871. Ouverte durant 120 jours, elle accueillit près de 16 000 exposants et
de 450 000 visiteurs. À partir de ce moment, des expositions industrielles
seront organisées à intervalles réguliers, construisant progressivement un
regard nouveau sur le Japon et sur le monde, selon une configuration
caractéristique des États-nations modernes. L’exposition industrielle de
1877 fut organisée malgré la conduite simultanée de la seconde guerre
civile japonaise (1877)2, ce qui témoigne de l’importance qu’elle revêtait
pour l’État. Ce fut une exposition à visée essentiellement économique,
pensée dans le cadre du développement industriel du pays : elle avait
pour objet l’échange de connaissances techniques entre les exposants
ainsi que leur propagation. Cette exposition et les deux suivantes (1881
et 1890, toujours à Tokyo) furent strictement nationales – c’est-à-dire
fermées aux participants étrangers –, leur objectif étant de soutenir le bon
développement autonome de l’économie japonaise à une époque où le pays
était soumis aux « traités inégaux »3 par les puissances occidentales.
Cette spécification nationale évolue sensiblement à partir de la quatrième
session en 18954, organisée en pleine guerre sino-japonaise (1894-1895).
Cette guerre permit l’annexion de Taiwan et consacra le Japon au sein des puissances. Taiwan relevait jusque-là des marches de l’empire chinois et
était habitée par des tribus aborigènes ainsi que par quelques populations
chinoises du sud du continent. L’exposition de 1895, à Kyoto (Okazaki),
intégrait un Pavillon de spécimens coloniaux prévu pour les exposants
étrangers, ainsi que, pour la première fois, un « Pavillon Taiwan », c’est-àdire
un pavillon colonial présentant des productions et objets – considérés
comme « traditionnels » – des populations aborigènes de l’île. C’est par
ce mouvement que les expositions industrielles japonaises, originellement
pensées pour le développement industriel et économique, devinrent, au
fur et à mesure que le pays s’affirmait sur la scène internationale, de purs
lieux de pouvoir consacrés à la démonstration de la puissance nationale,
tant économique qu’industrielle et coloniale. Autrement dit, c’est en
devenant des expositions de l’empire colonial qu’elles remplirent les
conditions requises pour devenir des « expositions universelles »5. Ce type
de présentation d’humains vivants eut pour effet de les « essentialiser » dans
une altérité immuable et infériorisée, véritable repoussoir de la civilisation
moderne6.
L’exposition de 1903 et le Pavillon anthropologique
Cette tendance de l’empire colonial à s’exhiber au sein des réunions
industrielles s’affirma avec l’Exposition industrielle nationale, tenue à
Osaka du 1er mars au 31 juillet 1903 et qui vit, pour la première fois
au Japon, l’exhibition d’indigènes coloniaux et de représentants de
populations « exotiques »7. Ils furent présentés au sein d’un « Pavillon anthropologique » (Gakujutsu jinrui kan
学術人類館), qui fut adjoint au
Pavillon Taiwan et au Pavillon des spécimens – où l’exhibition coloniale
hollandaise fut très remarquée. Cette exposition d’Osaka – ouverte
153 jours et qui accueillit environ 4 350 000 visiteurs – est exemplaire
en ce qu’elle montre quelles étaient les tendances lourdes traversant les
puissances impérialistes au tournant du siècle. Car on voit ainsi, au-delà de
différences socio-historiques concrètes entre les pays d’Europe de l’Ouest
et le Japon, que toutes les puissances modernes étaient régies par le même
type de logique et portaient un regard similaire sur le monde, aboutissant
à des pratiques analogues. À moins qu’il ne se soit agi, comme lors de
l’occidentalisation « forcée » du Japon, de montrer aux Occidentaux que
les Japonais n’étaient pas des « barbares » ?
Le Pavillon anthropologique était coordonné par les anthropologues de
l’Université impériale de Tokyo8 et notamment par Tsuboi Shōgorō
坪井正
五郎 (1863-1913), professeur à la faculté des sciences, fondateur et président
de la Société d’anthropologie de Tokyo. Cette société, la première de ce type
au Japon, avait été fondée en 1884 au sein de l’université9. Elle connaissait
depuis 1886 une violente querelle opposant deux groupes constitués autour
de Tsuboi et de l’anthropologue physique Koganei Yoshikiyo
小金井良
(1858-1944) concernant la nature raciale des habitants préhistoriques
de l’archipel. Koganei voyait dans les Aïnous – populations indigènes du
nord de l’archipel soumises de façon systématique après l’intégration de
l’île d’Ezo (Hokkaidō) au Japon en 1869 – les descendants des « barbares
cannibales de l’Âge de la pierre », une « race inférieure » par ailleurs
vouée à disparaître dans un avenir proche10. Il estimait en outre que les
Aïnous étaient totalement inassimilables au sein de la nation, s’opposant
ainsi à Tsuboi qui, tenant d’une position assimilationniste, arguait des
mérites d’une nation métissée et ouverte11, sur la base d’une conception
historique de celle-ci. En tout cas, et au-delà des différences importantes
entre les chercheurs, l’anthropologie japonaise contribua lourdement à la
formation d’un regard réifiant envers les populations de l’empire colonial et les minorités nationales, tout en critiquant cependant les catégories
verticalistes de l’anthropologie européenne.
L’exposition de 1903 fut l’occasion d’exposer l’altérité, médiatisée par le
regard de l’anthropologie. Y furent « rassemblées différentes races [originaires
de territoires] proches de la métropole, dans un cadre reconstituant de
manière concrète leurs moeurs, leurs ustensiles quotidiens et leurs modes
de vie12 », expliquait alors le journal Ōsaka Asahi shinbun
大阪朝日新聞. Les
sujets exhibés étaient les suivants : sept Aïnous de Hokkaidō, un « barbare
cru », deux « barbares cuits »13 et deux « indigènes » de Taiwan, deux
Okinawaïens14, deux Coréens, deux Malais, trois Chinois15, sept Indiens
(d’Inde), un Javanais, un Ottoman et un « insulaire » de Zanzibar, soit au
total trente-et-une personnes16. Des photos des spécimens de chacune de ces
« races » étaient affichées avec des notices scientifiques à l’entrée du pavillon.
Après s’être renseigné, le visiteur pouvait observer ceux-ci, grandeur nature,
au sein d’un espace qui comprenait une maison « reconstituant en la forme
leur habitat quotidien ». L’ensemble du Pavillon était pensé dans un but
pédagogique, but qu’il remplissait puisque pour les visiteurs c’était là une
occasion unique de voir des « spécimens » de toutes ces populations – mais
dans une version conforme à l’image que s’en faisaient les anthropologues.
Afin de montrer quels étaient leurs traits caractéristiques, tous ces
acteurs d’un type particulier devaient jouer le rôle précis qui leur avait été
assigné par les scientifiques. Par exemple, les aborigènes des montagnes de
Taiwan, ceux-là qui étaient appelés « barbares crus » et qui avaient subi
des opérations de « nettoyage » terribles de la part des troupes coloniales17,
devaient se tenir au milieu d’une forêt reconstituée et mimer une cérémonie
religieuse utilisant des têtes humaines. On imagine la stupeur du public.
Mais il faut se rappeler que l’île de Taiwan n’était à cette époque qu’une
terre « périphérique », peut-être comparable à l’Afrique noire. Quoi
qu’il en soit, ainsi faisant, la vie quotidienne de ces aborigènes se voyait résumée à cette imagerie de chasseurs de têtes perdus au milieu de la jungle
tropicale, imagerie dont la propagation était précisement l’effet recherché
par l’exposition.
La distance et l’effet d’altérité entre, d’une part, les exposants et les
visiteurs et, d’autre part, les exposés s’en trouvaient renforcés – tout
comme à Paris en 1889. Tsuboi, le responsable de l’exposition, était
d’ailleurs à Paris cette année-là18, où il avait visité l’Exposition universelle.
Il en avait jugé les pavillons coloniaux « d’une grande valeur sur le plan de
la recherche anthropologique », notamment toutes les reconstitutions de
« villages où l’on vo[yait] habiter les races barbares et non développées19 ».
De façon semblable, il estimait que l’exposition d’Osaka « permet[tait]
à l’anthropologue de recueillir un grand nombre de données quant
aux différences physiques et morphologiques20 » des races exposées.
L’exposition elle-même se voyait légitimée grâce au cadre intellectuel
offert par l’anthropologie scientifique, au travers des hiérarchies raciales
produites par les chercheurs ou encore du fait de l’identification entre
culture et race. La discipline anthropologique était au coeur de l’exposition,
légitimant les discours sur les « peuples inférieurs » tout en se servant de
l’exposition pour affirmer son utilité comme savoir colonial au moment
où l’impérialisme moderne était à son apogée21. Enfin, l’exposition était
complétée par des objets ethnologiques de la collection du laboratoire
d’anthropologie présentés comme des « objets quotidiens » des Aïnous ou
des « barbares crus » de Taiwan, ainsi que par une carte de répartition des
races dans le monde réalisée par Tsuboi22 ; cinquante paires de figurines
représentant les hommes et les femmes de « races » choisies dans la carte
complétaient le pavillon23. S’il s’agissait très majoritairement de populations
extra-européennes, on pouvait noter, parmi ces figurines, la présence de
représentations d’Anglais, d’Américains et de Japonais24 – qui n’auraient
jamais été exposés vivants.
L’exposition fut aussi l’occasion de mener une étude anthropologique.
Matsumura Akira
松村瞭 (1875-1936), alors doctorant à l’Université
impériale de Tokyo, rédigea un compte-rendu pour la Revue de la Société
d’anthropologie de Tokyo où il présentait ses observations25. Évoquant Henri
V. Vallois (1889-1981), qui avait critiqué l’authenticité des indigènes
lors de l’Exposition coloniale de Paris en 193126, Matsumura exprimait
ses doutes quant à la qualité des reconstitutions. Il était convaincu en
revanche que les personnes exposées étaient bien représentatives de leur
race. De par une « essentialisation » de l’idée de race, typique du début
du xxe siècle, l’anthropologue considérait qu’un individu était avant tout
un représentant de sa race et uniquement un représentant de sa race27. Par
exemple, Matsumura décrivait comme suit l’interrogatoire qu’il avait fait
d’une personne de Zanzibar s’étant définie comme « Arabe ».
« L’individu de l’île africaine de Zanzibar m’apparut comme d’un type rare.
Quand je lui demandai d’où il venait, celui-ci me répondit être Arabe. Mais ses
cheveux crépus, sa peau de couleur chocolat, son nez épaté, ses grosses lèvres et son
visage plat et large, tout cela constitue autant de preuves éclatantes qu’il était d’un
type ressemblant au Negro. Je lui énonçai alors le nom de quelques tribus vivant
à proximité de Zanzibar et il reconnut les Swahili. J’ai donc pensé qu’il devait
être d’un type métis d’Arabes et de Swahili. En outre, de par sa morphologie
proche du Negro (au sens large), on peut estimer que ses ancêtres devaient être
Arabes quelques générations plus tôt.28 »
Convaincu par ailleurs que le peuplement de Zanzibar était constitué
de métis « négro-arabes », le scientifique confirma son impression en
« mesurant les plus grandes largeur et longueur du crâne, pour établir ainsi
un indice céphalique de 76,5 ». Il en conclut qu’il s’agissait « en réalité non
pas d’un Negro pur mais plutôt d’un pseudo-negro29 ».
On observe ici en action les discours autocomplaisants de l’anthropologie
moderne, affirmant par exemple que « l’on peut connaître avec précision »
l’origine des individus grâce à la forme de leur crâne. Comme cela a été
noté, « personne ne critiqua le sort de ces personnes [exposées]. Il n’existe certainement aucun système méprisant l’humanité des nations de façon
aussi extrême que l’impérialisme.30 »

1 Voir par exemple : Ukigaya Sachiyo 浮ヶ谷幸代, « Les expositions hygiénistes,
les modèles anatomiques et les marionnettes réalistes », Ebisu, n° 34, Maison francojaponaise,
2005, p. 3-37. Cela ne signifie pas qu’il n’y avait pas d’expositions du même
type antérieurement, comme le montrent celles décrites par Ishii Kendō
石井研堂 pour
1872-1882. Yoshimi Shun.ya
吉見俊哉, Hakurankai no seijigaku 博覧会の政治学 (La
politique des expositions), Chūō kōron sha
中央公論社, 1992, 300 p., ici p. 122 et suiv.
Sur la fin du xixe siècle, voir : Carlo Olm et Linda Aimone, Les expositions universelles,
1851-1900, Belin, 1993, 317 p.
2 La guerre de Seinan (Seinan sensō
西南戦争, 1877) opposa le nouveau gouvernement
à une partie de ses membres démissionnaires et leurs partisans, des guerriers du Sud-
Ouest du Japon réunis autour de Saigō Takamori
西郷隆盛. Voir Takahashi Tetsuya
橋哲哉, Yasukuni mondai 靖国問題 (La question du Yasukuni), Chikuma shobō 筑摩書房,
2005, 238 p. (traduction française à paraître aux Éd. Démopolis, 2008).
3 Ces traités restreignaient la souveraineté nationale en limitant les droits de douanes
japonais et en fixant l’extraterritorialité pour les ressortissants des puissances occidentales.
Ils furent abolis progressivement entre 1894 et 1911, lorsque les Occidentaux, révisant
très partiellement le préjugé de race, acceptèrent le Japon « occidentalisé » au sein du
concert des puissances.
4 Ces expositions virent un nombre toujours croissant de visiteurs, avec déjà 1 137 000
personnes en 1895.
5 En Europe aussi, après la première exhibition au Jardin d’acclimatation en 1878, un
tournant avait pu être constaté avec l’Exposition universelle de Paris de 1889, qui vit pour
la première fois l’exposition de colonisés dans le cadre de véritables tableaux humains
reconstituant leur supposé cadre de vie naturel.
6 Matsuda Kyōko
松田京子, « Pabirion Gakujutsu jinruikan » パビリオン学術人類館
(Le Pavillon anthropologique), Nihon gakuhō
日本学報, Université d’Osaka, 1996, n° 15,
p. 61.
7 Il existe au Japon une abondante littérature historienne sur la question. Ibid. ;
Inoue Kiyoshi
井上清, Nihon teikokushugi no keisei 日本帝国主義の形成 (La formation de
l’impérialisme japonais), Iwanami shoten
岩波書店, 1968, 407 p. ; Kaiho Yōko 海保洋子,
Kindai hoppō shi : Ainu minzoku to josei to
近代北方史 :アイヌ民族と女性と (Une histoire
moderne des régions du Nord : du peuple aïnou et des femmes), San.ichi shobō
三一書房,
1992, 327 p. ; Sakamoto Hiroko
坂元ひろ子, « Chūgoku minzokushugi no shinwa » 中国
民族主義の神話 (Le mythe du nationalisme chinois), Shisō 思想, 1995-3, n° 849, p. 61-84 ;
Chikappu Mieko
チカップ美恵子, Ainu moshiri no kaze アイヌ・モシリの風 (Le vent de la
terre des Aïnous), NHK shuppan, 2001, 255 p. ; Sakano Tōru
坂野徹, Teikoku Nihon to
jinruigakusha
帝国日本と人類学者 (L’empire japonais et les anthropologues), Keisō shobō
勁草書房, 2005, 511 p. ; Engeki « Jinruikan » jōen o jitsugen sasetai kai 演劇「人類館」上
演を実現させたい会 (dir.), Jinruikan : fūin sareta tobira 人類館封印された扉 (Le Pavillon
anthropologique : la porte scellée), ATWORX
アットワークス, 2005, 455 p.
8 Cette université, fondée en 1877, était au coeur du système des universités d’État
avec l’Université impériale de Kyoto (fondée en 1897).
9 Soit à peine vingt-cinq ans après son homologue française fondée à Paris par Paul
Broca (1824-1880) en 1859.
10 Voir Nanta, « L’altérité aïnoue et le Japon moderne », Annales HSS, janvier 2006,
p. 247-273 ; Idem, « Koropokgrus, Aïnous, Japonais, aux origines du peuplement de
l’archipel. Débat chez les anthropologues, 1884-1913 », Ebisu, n° 30, Maison francojaponaise,
2003, p. 123-154.
11 Cette position amènera cependant Tsuboi à soutenir l’impérialisme lors de
la guerre contre la Russie (1904-1905), tout en associant assimilationnisme et regard
condescendant vis-à-vis d’une altérité qu’il se proposait de protéger.
12 Ōsaka Asahi shinbun, 1er mars 1903, cité dans Matsuda, op. cit., p. 47.
13 La terminologie employée par les Chinois, qui distinguaient entre « barbares cuits »
(jp. jukuban
熟蕃) et « barbares crus » (jp. seiban 生蕃) selon le degré d’assimilation à la
culture chinoise (les seconds étant les « sauvages »), fut reprise telle quelle par les Japonais
au début de la colonisation pour désigner ces populations anciennement soumises à la
Chine. Ces
noms furent remplacés au début du xxe siècle par les catégories ethniques
élaborées par l’anthropologue Torii Ryūzō (1870-1953).
14 Le royaume des Ryūkyū fut annexé en 1879 au Japon et l’archipel fut renommé
Okinawa.
15 Cf. infra.
16 Il existe une imprécision quant aux personnes exposées, les documents ne s’appuyant
pas sur les mêmes catégories.
17 Voir Ōe Shinobu
大江志乃夫 (dir.), Kindai Nihon to shokuminchi 近代日本と植民地
(Le Japon moderne et ses colonies), vol. 1, Iwanami shoten, 1993, 296 p.
18 Tsuboi finissait alors son cursus universitaire.
19 Il rapporta ses impressions dans une rubrique dédiée (« Nouvelles de Paris ») au sein
du Tōkyō jinruigakkai hōkoku
東京人類学会報告 (Bulletin de la Société d’anthropologie de
Tokyo).
20 Tsuboi Shōgorō, « Jinruikan to jinshu chizu »
人類館と人種地図 (Le pavillon
anthropologique et la carte [de répartition] des races humaines », Tōyō gakugei zasshi
東洋
学芸雑誌, avril 1903, n° 261, p. 164.
21 Matsuda, 1996, op. cit., p. 52.
22 C’est-à-dire une carte du même type que celles produites à la même époque par,
par exemple, Joseph Deniker (1852-1918).
23 Compte-rendu général dans Tōkyō jinruigakkai zasshi
東京人類学会雑誌 (Revue de
la Société d’anthropologie de Tokyo), avril 1903, n° 205, p. 294-296 ; Tsuboi, op. cit.,
1903.
24 Tsuboi, op. cit., p. 165.
25 Matsumura Akira, « Ōsaka no Jinruikan »
大阪の人類館 (Le Pavillon
anthropologique à Osaka), Tōkyō jinruigakkai zasshi, avril 1903, n° 205, p. 289-292.
Matsumura fut responsable du laboratoire dans les années 1920-1930.
26 Voir Benoît de L’Estoile, « Des races non pas inférieures mais différentes » dans
Claude Blanckaert (dir.), Les politiques de l’anthropologie. Discours et pratiques en France
(1860-1940), L’Harmattan, 2001, p. 391-473.
27 Selon la formule de Francis Affergan dans Exotisme et altérité, PUF, 1990,
295 p.
28 Matsumura, op. cit., p. 290. L’auteur utilise ici le terme niguro
ニグロ, terme
scientifique, à la différence de l’expression courante kurombo
黒んぼ (« nègre »,
« noiraud »).
29 Ibid., p. 291.